Page 468 - eco-savoirs pour tous
P. 468

La première de ces règles énonçait que toutes les trajectoires circulaires
          n'étaient pas accessibles à l’électron de l’atome. Seules certaines, appelées
          stationnaires étaient possibles. Les orbites stationnaires étaient telles que
          le moment cinétique de l’électron y prenait une valeur égale à un multiple
          entier de la constante de Planck. Compte tenu de la relation qui existait
          entre le rayon d’une orbite et la vitesse à laquelle elle était parcourue, cette
          condition sur les valeurs du moment cinétique suffisait à déterminer le
          rayon  des  orbites  stationnaires,  et  l’énergie  de  l’atome  dépendait  de
          chaque orbite. La deuxième règle stipulait que, lorsqu’il se trouvait sur une
          orbite stationnaire, l’électron ne rayonnait pas ; il n’émettait une onde élec-
          tromagnétique que lorsqu’il passait d’une orbite à une autre.
              La fréquence qu’il émettait alors était égale au quotient, par la cons-
          tante de Planck, de la différence d’énergie entre les deux orbites. Cette
          règle, qui était en contradiction avec la théorie de l’électro-magnétisme
          classique, était par contre en accord avec les résultats de la spectroscopie,
          et elle coïncidait avec la formule élaborée en 1885 par Jakob Balmer.
          Cette formule donnait déjà avec précision le spectre de l’hydrogène, c’est-
          à-dire les fréquences des raies lumineuses émises par ce gaz.

             Mais Bohr n’avait pas résolu de manière directement quantique sa des-
          cription de l’atome, même si elle avait pu être reprise utilement par la méca-
          nique quantique. Le modèle de Bohr avait utilisé des concepts de mécanique
          classique, comme la trajectoire, que ne reconnaissait pas la physique quan-
          tique, et les résultats s'étaient rejoints. La mécanique quantique, élaborée de
          1920 à 1930 en partant d’un nombre limité de postulats, ayant permis de
          vérifier des résultats expérimentaux déjà connus, elle avait ensuite recoupé
          les résultats de la mécanique classique quand elle était appliquée à des corps
          de taille macroscopique. Elle fut donc de plus en plus suivie.
             Il faut pourtant admettre que cette mécanique quantique avait de quoi
          sembler étrange. Le bon sens commun ne préparait pas à la comprendre.
          Une des implications surprenantes de cette mécanique est que, alors qu’on
          ne pouvait définir des propriétés naturelles que lorsqu’on pouvait les obser-
          ver, lorsqu’on voulait observer un système quantique, on utilisait un instru-
          ment de mesure dont l’utilisation le perturbait.
             Imaginons que nous voulions étudier le mouvement d’une boule de
          billard : pour suivre sa position et sa vitesse, il faut suffisamment l’éclai-
          rer, et en physique classique, même si l’on utilise des projecteurs puis-
          sants, le faisceau lumineux ne freine pas la boule. Mais il n’en va plus de
          même lorsqu’on observe un atome dans des conditions quantiques.



          468                                        Eco-Savoirs pour tous    rev.1.4 fr        © LEAI        Marc CARL
   463   464   465   466   467   468   469   470   471   472   473