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Et cette dualité est universelle, puisqu'une onde, dite onde de de Bro-
          glie, est associée à chaque particule. La diffraction des électrons, observée
          par Davisson et Germer, est une manifestation de cet aspect ondulatoire.
          Tout ce qu’il est possible de connaître sur une particule est alors contenu
          dans une fonction mathématique, appelée fonction d’onde, dont l’évolu-
          tion dans le temps est régie par l’équation de Schrödinger.
             Mais il existe des solutions de l’équation de Schrödinger, appelées
          états stationnaires, qui n’évoluent pas avec le temps : toutes les propriétés
          physiques de la particule y restent constantes, en particulier son énergie,
          lorsqu’elle est en état stationnaire. Là, il n’est plus nécessaire d’utiliser
          arbitrairement, comme dans le modèle de Bohr de l’atome d’hydrogène,
          des valeurs discrètes d’énergie. La quantification est une conséquence de
          la continuité de la fonction d’onde, qui ne doit s’annuler qu'à l’infini. Le
          processus est un peu comparable au comportement d’une corde de piano
          qui, étant fixée à ses deux extrémités, ne pourrait vibrer qu’à des fré-
          quences déterminées (le fondamental et les harmoniques).
             Évidemment, cela contrevenait au déterminisme de la mécanique clas-
          sique où, comme le disait Laplace, si une intelligence connaissait à un mo-
          ment donné les positions et les vitesses de tous les objets possibles, elle
          pouvait en déduire leur trajectoire ultérieure et même antérieure. Inutile
          dans ce cas de faire sans cesse de nouvelles mesures, même quantiques, si
          des calculs permettaient de savoir où se trouvait chaque objet à tout instant.
             Et ceci a fortiori si la mécanique quantique ne donnait d’informations
          que sur les résultats des mesures que l’on pourrait éventuellement faire, et
          seulement sous forme de probabilités. L’information qu’elle pouvait don-
          ner était du genre : si je mesure l’énergie de l’atome qui m’intéresse, je sais
          quels résultats je suis susceptible de trouver, et je peux calculer la probabi-
          lité de trouver chacun d’eux. Mais pas plus.

             En physique classique aussi, on pouvait éventuellement avoir recours
          aux probabilités : quand on lançait un dé, sans connaitre ni la hauteur de
          laquelle on le lâchait, ni les propriétés de rebond de la surface qu’il atteignait,
          on pouvait évaluer mathématiquement certaines probabilités, même sans
          avoir toutes les informations qui permettaient de calculer sur quelle face
          allait s’arrêter le dé. Mais en mécanique quantique, ce n’était pas une option ;
          les résultats d’une mesure ne pouvaient être prédits qu’en termes de proba-
          bilités, même quand on avait toutes les connaissances possibles sur l’histoire
          antérieure du système.




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