Page 30 - De la grande crise à la grande purge
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Marc CARL De la grande crise à la grande purge
Pour renforcer leur activité territoriale ramifiée, ils s’organisent et communi-
quent de manière prudente par internet, se coordonnent entre les pays impli-
qués, et finissent par rallier à leur cause des journalistes, des intellectuels, des
acteurs politiques. A l’intérieur de ces groupes, et en parallèle, se créent aussi
des structures de protection et d’intervention, encadrées et motivées, capables
de se coordonner ultérieurement en milices. De l’Amérique à l’Europe, plus de
200 entités se sont constituées officiellement, et plusieurs dizaines d’autres
clandestinement. Et tout cela avance inexorablement, La Russie, la Hongrie, la
Suisse, l’Autriche, la Serbie, etc, ayant déjà ouvert une voie résistante crédible.
D’autres élites européennes résistantes s’organisent en outre, à l’abri, dans
des métropoles de pays non-occidentaux. Il en ressort, dans une tendance de
fond portée à la radicalisation et à l’organisation militante des forces, et dans
une logique d’affrontement de plus en plus considérée comme inévitable, que
l’issue de ce phénomène historique peut être un épisode de reconquête identi-
taire et souverainiste forte, dont l’objectif soit d’une part l’éradication de la me-
nace islamiste, mais aussi et surtout la ré-appropriation de la légitimité décision-
nelle des peuples pour une démocratie réactive plus directe, impliquant une
possible recomposition fédéralisée, préservant l’identité historique de chacun
avec de nouveaux objectifs et intérêts communs. Ce qui est notable.
En effet, la structuration technocratique illégitime de l’Union Européenne (avatar
du plan Marshall) n’avait pas permis jusqu’alors sa libre cohésion endogène, et
avait favorisé un alignement de la plupart de ses élites sur les directives des
USA. Une ambition correctrice de l’activisme identitaire européen est donc dans
une nouvelle structure pan-européenne souveraine, incluant une propension à
une association stratégique avec la Russie, et n’excluant pas ensuite une entente
avec les USA, mais sur des bases nouvelles d’équilibre et d’intérêts réciproques.
Les mouvements identitaires européens ne sont pas anti-américains. Ils con-
testent les lobbies ploutocratiques et leurs relais américains, ainsi que leurs
complices sionistes, qataro-saoudiens, euro-technocrates, etc, mais en pensant
que ces lobbies trahissent la population des USA, autant qu’ils trahissent les
peuples tiers. Les euro-identitaires ont donc de bons rapports avec des mouve-
ments citoyens américains, canadiens, et autres, dont l’esprit ouvert et
l’aspiration à une meilleure démocratie restent positivement perçus.
Constatant cela, on peut penser que les lobbies instigateurs de l’actuelle con-
flictualité mondiale, et leurs politiciens complices, jouent avec un feu qui peut les
brûler eux aussi, et qu’ils ne pourront plus longtemps maitriser à leur gré.
Ces lobbies agissent de manière illégitime, donc précaire, comme un réseau
semi-mafieux très riche, relayé au plus haut niveau d’appareils d’États et de l’ONU.
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