Page 38 - synthese introductive eco-humanisme
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Marc CARL                         un grand projet humain / synthèse introductive



             Mais depuis, nous nous sommes adaptés et complexifiés, sur Terre ; et
          l’organisme humain en est devenu plus fragile, à tel point que de faibles
          variations de la qualité de son environnement local peuvent lui être fa-
          tales.  Heureusement,  en  compensation,  sa  complexification  l’a  rendu
          intelligent, jusqu’à devenir capable de surpasser sa fragilité pour franchir
          de plus en plus de barrières évolutives.
             L’humain a appris à s’entourer de dispositifs artificiels qui le protègent
          des dangers du milieu externe, et il sait observer et évaluer à distance,
          préventivement, les environnements qu’il projette de rencontrer. Il sait
          même reconstituer des environnements favorables à son développement.
          Il  peut  ainsi  s’adapter,  pour  se  développer  de  manière  beaucoup  plus
          efficace que des organismes primitifs naturels.
             L’espèce humaine profite pour cela de sa technologie, qui est une ap-
          plication de sa science, donc de sa culture, qui est une forme de sa pen-
          sée,  sa  pensée  étant  une  production  de  son  système  nerveux.
          L’organisation complexe de la matière vivante est donc devenue capable
          de générer de manière autonome, à la fois naturellement et artificielle-
          ment, les conditions de son adaptation permanente et croissante au mi-
          lieu.  Plus  elle  se  complexifie,  plus  elle  devient  intelligente  et  capable
          d’interagir avec son environnement, éventuellement en le transformant,
          et en se transformant elle-même. Merveilleux…

             L’évolution universelle est ainsi devenue impactable par un nouvel
          agent interactif autodéveloppé : l'expression de la pensée et de la volon-
          té projetables d’un système vivant suffisamment conscient et cohésif.
             C’est par là que l’espèce humaine est potentiellement un agent majeur
          de transformation de son environnement, dans des conditions et pour
          des conséquences qu’on ne peut même pas encore imaginer. Sa Terre
          natale  n’est  que  son  point  d’origine  biologique,  qui  disparaîtra  physi-
          quement à terme, alors que le reste de l’univers est devenu accessible à sa
          collectivité intelligente en auto-projection.

             Elle doit devenir encore davantage proactive dans ce destin potentiel.
          C’est pourquoi l’éco-humanisme se préoccupe de situer dynamiquement
          l’Humanité dans son histoire, et dans son environnement, actuel et futur,
          en l’incitant à y maîtriser du mieux possible sa trajectoire incertaine.




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