Page 35 - synthese introductive eco-humanisme
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Marc CARL                         un grand projet humain / synthèse introductive




                Dépasser prudemment nos propres limites



               N
                        otre  science  a  établi  que  le  vivant  est  une  singularité  de
                        l’univers, dont  le sort semble lié au  sort de l’univers. Et
                        dans la mesure où, selon les théories scientifiques du 20
                                                                          ème
               siècle, l’univers observé est un phénomène contenu dans des limites
               temporelles calculables, sa fin est un évènement aussi possible que son
               commencement. Or, notre développement perd son sens si le vivant
               n’est qu’un phénomène temporaire d’un univers tout aussi possible-
               ment temporaire. Et bien avant cette non-impossible fin universelle,
               selon les prévisions scientifiques prévalentes, la Terre aura été détruite
               par son étoile, le Soleil, ce qui a de quoi alimenter d’autant plus nos
               réflexions existentielles, en pensant notamment à nos descendants.
                    Car dans ces conditions, notre vie et la leur ne garderaient de sens
               qu’au présent, et peut-être plus pour très longtemps à l’échelle univer-
               selle. Il faudrait donc essayer de vivre au présent le mieux possible,
               tant qu’on le peut ; pourquoi pas, bien vivre au présent est un com-
               portement utile. Mais il est démotivant d’admettre que la civilisation
               projetable que nous bâtissons avec tant d’efforts et d’espoirs puisse
               être  détruite  à  terme,  et  qu’il  ne  resterait  finalement  plus  rien  de
               l’Humanité et de ses progrès, ni sur Terre, ni peut-être ailleurs.

                 En fait, il y a encore de quoi garder espoir. La destruction de la
               Terre parait scientifiquement fondée et irrémédiable, mais nous pré-
               parons  déjà  des  moyens  technologiques  permettant  à  nos  descen-
               dants  de  quitter  notre  planète  d’origine  en  temps  utile.  En  ce  qui
               concerne la fin de l’univers que nous connaissons, là nous n’y pou-
               vons rien. Mais ce qui est actuellement scientifique et logique n’étant
               pas certain pour autant, cette incertitude laisse de la place à des hy-
               pothèses alternatives, où le pire a parfois côtoyé le meilleur.
                 Par exemple, une hypothèse religieuse très répandue a déjà incité à
               imaginer qu’une divinité, invisible et non prouvée, mais supposée quand
               même savoir et penser pour l’Homme, serait capable de miracles.




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