Page 24 - synthese introductive eco-humanisme
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Marc CARL un grand projet humain / synthèse introductive
Car une telle minorité peut ne pas servir seulement l’intérêt général
mais aussi -voire surtout- ses propres intérêts particuliers. Contre cela,
une démocratie directe induit un gouvernement du peuple par lui-même,
de manière égalitaire et dans l’intérêt général. Ce qui ne s’applique toute-
fois pas en démocratie indirecte, procédant d’un transfert de pouvoirs à
une élite de candidats pré-triés de manière inique, et privilégiés, se rap-
prochant par là d’une forme oligarchique aristocratique.
Une forme aristocratique qui, au cours de l’Histoire, a effectivement
conféré la gouvernance collective à des élites intéressées, devenant sou-
vent héréditaires, et réunissant, selon l’époque et le lieu, des notables du
commerce, du savoir, de la religion, ainsi que des possédants fonciers, et
des chefs de forces organisées, notamment militaires.
Quant à l'oligarchie ploutocratique (terme relatif à Pluton, l’antique
dieu gréco-romain des enfers et de l’accaparement des richesses), elle
confère la gouvernance collective à une minorité encore plus restreinte,
celle des plus riches, qui dirigent les autorités et les institutions publiques
pour qu’elles se conforment aux intérêts desdits plus riches. L’expérience
montre que, par son fonctionnement dictatorial de fait, sans véritable
contre-pouvoir citoyen, imposant ses intérêts particuliers contre l’intérêt
général, la ploutocratie ne peut évidemment pas être considérée comme
une forme de démocratie légitime, même si elle se retranche derrière des
apparences de démocratie indirecte par des consultations électorales qui
font élire une néo-aristocratie intermédiaire présélectionnée, privilégiant
quand même des intérêts privés dominants contre l’intérêt général.
Le rappel de cette problématique historique de gouvernance peut
nous aider à mieux comprendre pourquoi, pour sortir de l’impasse où
l’avidité ploutocratique a conduit une grande partie de l’Humanité au
20 siècle, une solution pourrait être dans une nouvelle forme de dé-
ème
mocratie, désignée par le néologisme "démosophocratie" (démo-sopho-
cratie), consistant en une démocratie directe renforcée par une structure
arbitrale complémentaire d’oligarchie vertueuse, ne pouvant intervenir
que dans l’intérêt général. Ce qui reviendrait à renforcer la gouvernance
principale issue de la démocratie directe par un contre-pouvoir régula-
teur, constitué, par exemple, sous forme de Conseil supérieur des Sages,
éventuellement issu lui aussi d’un tirage au sort capacifié.
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