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Le modèle dit standard, c’est-à-dire la théorie qui est parvenue à mettre
               de l’ordre dans la physique sub-nucléaire, a finalement pu classer ces douze
               entités élémentaires en trois familles. L’idée directrice de ce modèle était que
               les leptons et les quarks, quoiqu’ils diffèrent substantiellement en ce qui
               concerne leur comportement par rapport à l’interaction forte, s’associaient
               dans des groupes (familles) fonctionnels. Par exemple, l’électron et le neu-
               trino électronique faisaient partie de la même famille que les quarks up et
               down.  La  deuxième  famille  était  constituée  du  muon,  du  neutrino
               muonique, du quark charmé et du quark strange. La troisième comprenait
               la particule tau, le neutrino tauonique, le quark bottom et le quark top. Ces
               trois familles se ressemblaient beaucoup, même si elles différaient quant à
               la masse des particules qui les composaient, puisque la première contenait
               les particules les plus légères, et que la troisième contenait les plus lourdes.
                 En théorie, il pouvait encore exister d’autres familles, contenant des
               leptons et des quarks encore plus lourds que ceux que l’on connaissait
               déjà. Cependant, leur découverte potentielle était rendue difficile par leur
               masse théoriquement élevée, et par l’énergie nécessaire à leur production
               expérimentale. De plus, des considérations de caractère cosmologique
               théorique portaient à écarter cette hypothèse. En effet, divers calculs por-
               tant sur la masse de l’Univers, ainsi que sur les processus nucléaires qui
               se seraient produits au cours de ses premiers instants, faisaient penser
               qu’il n’existait pas plus de trois types de neutrinos, autrement dit pas plus
               de trois familles de particules.
                 Il faut tenir compte aussi du fait que le schéma du modèle standard
               avait son équivalent théorique dans le monde de l’antimatière, puisque se-
               lon la mécanique quantique, il pouvait exister pour chaque particule une
               antiparticule, une sorte de négatif symétrique dans lequel toutes les carac-
               téristiques, comme par exemple la charge électrique, étaient inversées. Là,
               même si notre Univers semblait fait substantiellement de matière positive,
               on pouvait donc penser que s'y tenaient aussi des antiélectrons ou des an-
               tiprotons, constitués d’antiquarks. Que se passerait-il alors en cas de ren-
               contre massive d’antimatière ? Et pourquoi ceci ne pourrait pas arriver ?
                 En extrapolant plus loin, l’Univers pourrait être constitué pour passer
               alternativement, selon des cycles d’expansion-contraction de quelques mil-
               liards d’années, d’un big-bang à un big-crunch (si notamment la masse de
               neutrinos le permettait), ou pour s’auto-décomposer en rencontrant un
               autre univers constitué surtout d’antimatière, se réduisant là encore en un
               point infiniment petit, et renaissant aussitôt dans un nouveau big-bang.


               Marc CARL                    Eco-Savoirs pour tous    rev.1.4 fr         © LEAI      485
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