Page 79 - Annales EH 1998-2018
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mercredi 14 décembre 2001, au Sénat


                 extraits du discours de Mr Christian PONCELET

                 Président du Sénat, deuxième personnage de l’Etat.


                 Mesdames et Messieurs,

                 Je souhaite tout d'abord vous exprimer, à titre liminaire, ma profonde satisfaction de vous
                 accueillir ici, au Sénat -c'est maintenant devenu presque une tradition dont je me réjouis-
                 pour ce quatrième Atelier parlementaire de l'alternance.
                 Ces Ateliers parlementaires de l'alternance ont, je vous le rappelle, pour vocation de se pencher sur tous les thèmes de la
                 vie en société et de formuler des propositions afin de nourrir le débat démocratique et d'offrir à nos concitoyens une vérita-
                 ble alternative politique.
                 Le sujet choisi par vous aujourd'hui est primordial ; car s'il est une question qui fait de nous des citoyens solidaires d'une
                 même planète, d'une même humanité, par-delà les conflits d'intérêt entre les peuples, par-delà l'opposition entre le Nord et
                 le Sud, c'est bien la question de l'environnement.
                 L'opposition n'a donc aucun complexe à avoir pour traiter ce sujet ; elle n'a de leçons à recevoir de personne, car elle est
                 porteuse d'une nouvelle et grande ambition : l'inscription d'une écologie humaniste au coeur de notre pacte républicain.
                 C'est cette croyance qui nous différencie de certaines « chapelles » intolérantes qui sévissent, avec de médiocres résultats,
                 dans le domaine de l'écologie. Nous, nous plaçons l'Homme au coeur de notre projet. Contrairement à certains pour qui le
                 monde idéal serait, au fond, un monde débarrassé des Hommes et revenu au seul état de nature.
                 Je vous le dis tout de go : l'écologie pour l'écologie ne m'intéresse pas.
                 D'autres, plus modérés, sembleraient envisager bien volontiers le retour des hommes au temps des cavernes, mais sans la
                 chasse ; une sorte de préhistoire où nous retrouverions « l'Homme bon » que seule la société corrompt.
                 Ce passéisme, aussi affligeant que ridicule, ne saurait tenir lieu de politique.
                 Faire le choix de l'écologie humaniste, c'est conjuguer le développement économique et le respect de l'environnement, c'est
                 mettre l'Homme au centre des projets et faire le pari de son sens des responsabilités. Voilà le vrai progrès, voilà la véritable
                 ambition que la France doit se fixer, restant ainsi fidèle à elle-même, à son histoire et à sa culture.
                 Une politique de l'environnement ne se décrète pas d'en haut, elle ne saurait être inspirée par des doctrinaires intolérants,
                 elle ne saurait être mise en oeuvre de manière autoritaire, elle doit, au contraire, être le produit d'une véritable concertation,
                 d'une réelle association de tous les acteurs de la vie économique et sociale au premier rang desquels les entreprises pri-
                 vées, des collectivités locales et de l'Etat.
                 Enfin, une politique de l'environnement, pour être efficace, doit avoir une ambition mondiale, car bien des menaces, qui
                 paraissent locales, sont en réalité globales. Je ne mentionnerai, à titre d'exemple, que la production de gaz à effet de serre
                 et la déforestation qui alimentent le réchauffement climatique : tous ces phénomènes nous n'en sommes pas seulement les
                 victimes, nous en sommes d'abord les responsables.

                 Pour moi, la France est dans son rôle quand elle participe à la promotion d'une politique mondiale de l'environnement.
                 Elle a un rôle majeur dans l'élaboration d'une vision prospective européenne.
                 Notre pays doit assumer sans complexe un rôle pionnier et marquer sa volonté de contribuer plus fortement à l'équilibre
                 écologique de la planète ; le sommet de Johannesburg, en octobre 2002, dix ans après celui de Rio, doit être, pour la
                 France, l'occasion d'être à la pointe du combat pour le développement durable d'une écologie humaniste, à l'échelle plané-
                 taire.
                 Bien évidemment, cette écologie humaniste ne se fera pas en un jour ; elle exige détermination, méthode et persévérance.
                 Les propositions que vous allez développer, sans tabou ni dogmatisme, lors des travaux de cette matinée vont dans le bon
                 sens ; elles démontrent que l'opposition nationale relève le défi de la transmission aux générations futures d'une planète en
                 bon état.
                 La politique de l'environnement sera, j'en suis persuadé, l'un des combats les plus importants du troisième millénaire.
                 Telles sont les observations que je souhaitais formuler à l'orée de cette matinée , mais je sais que le temps vous est mesuré
                 et c'est bien volontiers que je cède la parole à mon ami Jean-François Mattéi pour qu'il vous présente les travaux de cette
                 convention.
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