Page 11 - Annales EH 1998-2018
P. 11
Accueil
Informations personnalisées, Actualités Contact Recherche OK
Proposer
L'athéisme humaniste
La négation de l'existence de Dieu ou des dieux et la négation de la possibilité de savoir s'il y
a une telle existence soulèvent le problème de l'origine et de la fondation des valeurs suivies
par l'homme. Une réponse possible, l'humanisme philosophique, consiste à faire de l'homme
son propre critère, prenant ainsi en quelque sorte la place du divin. La formule la plus célèbre
de cet humanisme : « l'homme est la mesure de toutes choses », formule de Protagoras,
signifie que les valeurs humaines s'élaborent par la confrontation des discours, en dehors de
toute référence à un dieu (Platon répondra dans les Lois que « le dieu est la mesure de toutes
choses »). Cet humanisme interrogateur, relativisant les apparences et les croyances qui en
découlent, a été exprimé de façons variées depuis plus de deux mille ans, du scepticisme
tolérant des grecs antiques aux thèses engagées du baron Pierre d'Holbach.
Pour l'écologie humaniste (ou humanisme environnemental), le rapport au divin n'est pas une
négation, il est seulement ouvert et interrogateur. Il y a logiquement un fait créateur, puisque
nous existons, mais y a t'il un créateur unique assez extérieur à l'environnement observable
pour ne pas y être scientifiquement mis en évidence, alors que tant d'autres phénomènes le
sont? Une entité créatrice originelle extra-humaine, voire extra-universelle, n'est pas
impossible, mais quelles sont alors ses caractéristiques? Dans le doute, comment lui donner
une forme, une conscience, une expression, particulières? (extraits des "Discours sur
l'écologie humaniste", de Marc Carl, édition 1997).