Page 10 - Annales EH 1998-2018
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L’écologie humaniste (Humanisme environnemental)
Appuyé sur la philosophie de l’évolution, ce courant international en émergence depuis les
années 1970 exprime un humanisme évolutionniste prolongeant la tradition naturaliste des
philosophes grecs antiques . L'écologie humaniste incite à mieux comprendre et situer la
place et le destin de l'humanité dans son environnement en évolution permanente. La desti-
née humaine y est mise en perspective dans un contexte universel où beaucoup de choses
restent à comprendre.
Parce qu’elle incite chaque être humain à une auto-responsabilisation devant sa
conscience, on peut aussi définir l’écologie humaniste comme une volonté de responsabili-
sation éthique de l’humanité civilisée, favorisant son amélioration permanente et son
bonheur , en interaction constructive avec son environnement évolutif, de manière profitable
autant à l’être humain en particulier qu’à l’espèce humaine en général, en symbiose com-
mune dans leur biotope local et global en évolution. Cela porte à optimiser la société hu-
maine dans ses propres interactions et dans ses interactions avec son biotope , notamment
en préservant l’équilibre planétaire terrestre. Cette nécessité de solidarité de l’ensemble de
l’espèce humaine pour préserver son environnement et son meilleur développement dans
cet environnement, a inspiré une expression politique particulière d’écologie humaniste, re-
prise notamment par des chefs d’État tels que Jacques Chirac (France ) ou Mohammed VI
(Maroc ) dans les grandes assemblées de l’ONU .
L’évolution et sa relativisation
L’écologie humaniste veut favoriser l’adaptation permanente et le meilleur développement
possible de l’humanité, et de l’être humain, dans un environnement universel incertain et en
évolution permanente, avec suffisamment d'ouverture pour considérer tous les possibles.
Dans la conception écologiste humaniste, il est vain de vouloir figer dans des choix et dans
des schémas culturels arbitraires l’équilibre apparent et le devenir supposé d’un moment de
l’évolution. L’adaptation évolutive permanente est nécessaire, autant biologiquement que
pour la pensée. Cela nécessite une grande relativité et une grande prudence dans les ana-
lyses. Selon cette conception, pour l'intellect humain, toute représentation est du domaine
de la croyance, compte tenu de l'incertitude de la relation de l'homme à l'univers, et de l'im-
perfection naturelle de ses sens pour représenter son environnement et ses interactions avec
cet environnement, le réel perçu par l'homme n'étant qu'une représentation du réel, particu-
lière à l'espèce humaine. L'écologie humaniste admet ce rapport relativisé à la croyance,
mais en réfute les formes définitives et enfermantes, réductrices, sachant qu'aucune vérité ne
peut être définitive pour l'esprit humain sans contrarier sa nécessité évolutive naturelle. Cette
école de pensée admet donc le fait de croire au présent faute de mieux, mais en prenant
soin de vérifier et d'actualiser en permanence ce qu'on croit.
Bibliographie
• Emmanuel MOUNIER, Manifeste au service du personnalisme , Seuil, Paris, 1936.
• René DUBOS, Les rêves de la raison , Denoël, Paris, 1964
• Jacques MONOD, Le hasard et la nécessité , Seuil, Paris, 1970.
• René DUBOS, Choisir d’être humain , Denoël, Paris, 1974
• Richard DAWKINS, Le gène égoïste , Odile Jacob, Paris, 1976.
• Marc CARL, Discours sur l'écologie humaniste , LEAI, Paris, 1997-2002.
• Stephen Jay GOULD, The structure of evolutionary theory , Belknap, 2002
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