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L’Ecole Ionienne (école philosophique grecque antique, précursive de l’humanisme dit naturaliste, ou
physicien, puis de l’éco-humanisme). Introduction de Marc CARL à l’AG de l’ONG Gaia Mater du 18-08-1998.
" Les principaux philosophes grecs Ioniens (Asie mineure) se sont distingués historiquement au 6 ème siècle avJC en
réussissant à prouver que la raison et l’analyse rationnelle humaine pouvaient dépasser la mythologie de leur époque.
Ces précurseurs ont commencé à expliquer l’origine et la consistance du monde autrement que par des faits divins et
surnaturels, en utilisant de nouveaux principes démontrables et logiques. Et leurs voisins athéniens établissaient alors
les bases structurelles de la démocratie grecque, qui a éclairé notre organisation sociétale jusqu'à aujourd'hui.
Décrivant de mieux en mieux leur environnement par le logos, donc par la pensée et le verbe raisonnés, ces érudits
Ioniens ont ouvert une voie particulièrement novatrice, dépassant les formulations mythologiques antérieures et l’effet
des divinités, supposées gouverner jusqu’alors l’ordre et le destin du monde connu. Un tel transfert progressif et
raisonnable du divin à l’humain allait ouvrir une voie philosophique majeure, qui sera appelée plus tard (au 19 ème
siècle) humanisme, et où se structurera en bonne partie l’esprit scientifique moderne.
Au fil du temps, certaines erreurs conceptuelles ont été naturellement auto-corrigées. On sait par exemple que plusieurs
des premiers philosophes Ioniens n’étaient pas parvenus à se libérer entièrement de la mythologie qui faisait autorité
à leur époque, dans la mesure où ils avaient construit leurs analyses autour de l’un ou l’autre des 4 éléments alors
présumés constitutifs de l’univers : l’eau, l’air, la terre, et le feu. Thalès, le fondateur milésien, avait choisi l’eau,
Xénophane avait choisi la terre, alors qu’Héraclite avait préféré le feu, et Anaximène l’air.
Mais l’un d’eux, le milésien Anaximandre (premier et principal disciple de Thalès), est tout de même parvenu à sortir
de l’impasse conceptuelle de ces 4 éléments traditionnels, en y substituant son concept d’apeiron, une substance
fondamentale illimitée et indéterminée, capable de multiples formes et effets, permettant d’intégrer ces 4 éléments
dans une entité globale supérieure, liée et animée par une dynamique évolutive auto-équilibrée de l’univers.
Anaximandre a construit son concept d’apeiron selon un modèle d’univers ancien, de tradition védique, en y ajoutant
des compléments novateurs, notamment mésopotamiens, induisant la probabilité d’une infinité de mondes extra-
humains, le fait que l’Etre humain ait évolué jadis depuis une forme primitive de poisson, et le fait que le monde réel
peut être différent de ce qu’il parait être à première vue.
C’était une avancée historique importante de la pensée humaine, puisqu’il y avait là en germe les fondements
scientifiques futurs de la physique (relativiste et quantique), de la cosmologie, et de l’évolution naturelle, tenant
compte notamment d’une séparation en paires opposées, de leur recomposition diversifiée et complexifiée, du
mouvement énergétique universel qui permet tout cela, y compris la vie, etc.
C’est pourquoi la voie ouverte par Anaximandre de Milet a été confirmée comme la plus pertinente et la plus féconde
de l’école grecque ionienne. Corroborée par la science moderne, elle a traversé les siècles, en inspirant des
générations de nouveaux penseurs, et en s’enrichissant de leurs apports. L'éco-humanisme en est un héritier majeur.
Le processus de transmission de cette philosophie à d’autres peuples et à d’autres cultures a été opportunément
facilité par le dynamisme du commerce et de la colonisation maritimes des cités portuaires Ioniennes, qui amenaient
loin ailleurs leurs idées et leurs moyens, porteurs de progrès.
En effet, les 12 cités grecques de l’Ionie (côte d’Asie mineure de la mer Egée), réunies en Confédération aux 6 ème
et 7 ème siècles avJC, ont implanté plusieurs dizaines de colonies, sur tout le pourtour méditerranéen. Les cités-mères
confiaient de préférence le commandement de leurs expéditions lointaines à des érudits, dont l’Ecole philosophique
Ionienne était une pourvoyeuse féconde. Anaximandre avait lui-même dirigé l’implantation de la colonie milésienne
d’Apollonie.
Les principaux textes historiques connus confirment que des chefs et des administrateurs érudits, porteurs de la culture
Ionienne, ont contribué à diffuser cette culture dans leurs colonies et alentour, notamment à Marseille, fondée par des
Phocéens vers 600 avJC. Leurs apports civilisationnels ont été efficacement assimilés et développés depuis ces
implantations, puis dans l’empire romain en expansion.
Après la chute de l’empire romain, ces germes culturels ont été mis en sommeil pendant plusieurs siècles troublés,
puis ils ont refleuri et se sont répandus, en s’intégrant notamment au puissant courant transculturel de la Renaissance
européenne. Le flux contemporain le plus dynamique de ce courant a finalement constitué au 20 ème siècle l’éco-
humanisme, souvent considéré comme l’initiateur de la seconde révolution humaniste, après celle de la Renaissance.
Des éco-humanistes peuvent fièrement continuer à prendre le relai, de génération en génération, pour transmettre et
améliorer ce patrimoine, particulièrement depuis Marseille, vecteur initial de cet essor."
Réseau Eco-Humaniste NEMESIS Marseille (France) contact@nemesis.center
patronné par la Coordination de restructuration de l’organisation Gaia Mater reorg@gaiamater.org