Sursaut identitaire et démocratie directe : l'exemple européen.  

   L’Europe, ancienne puissance dominante mondiale, est entrée dans son 21ème siècle en étant confrontée à de graves menaces pour sa sécurité et sa stabilité, pendant que son union politique et économique était sapée.

   Durant la première moitié du siècle précédent, elle avait été affaiblie par deux grandes guerres fratricides entre ses États continentaux (1914-1945), contre leur intérêt commun. Elle en était ressortie divisée, et vassalisée par ses principaux concurrents, les USA, artisans occultes de cet affaiblissement, dynamisés économiquement par des guerres habilement menées hors de leur territoire.

   Depuis les années 1970, une nouvelle sape socio-économique systémique a été relancée depuis les USA, permettant de manœuvrer non seulement l’Europe, mais l’ensemble du bloc occidental, par tous les moyens, incluant encore comme précédemment une conflictualité artificielle, et une exploitation croissante des ressources et des forces sociales dominées.

   Ce que beaucoup de gens ignorent, c’est à quel point cette situation a été crapuleusement organisée. Elle découle d’une prédation ploutocratique de grande envergure, sciemment appliquée par des pratiques mafieuses, imposant des dettes illégitimes, de la monnaie privée abusive, et un commerce truqué d’actifs spéculatifs. Constatant depuis 2008 que ceci ne pourrait plus durer longtemps, le souci des lobbies atlantistes qui manipulent le proxy USA a été de gérer les conditions d’une inévitable faillite finale, d’où ils sortiraient avec leurs principaux complices, et quoi qu’il advienne, à leur avantage.

   Il était alors clair qu’ils utiliseraient tous les moyens, y compris les pires, pour éviter de trop perdre dans la faillite systémique attendue. Et il était clair que pour mieux préparer leur rétablissement futur, ils utiliseraient ces moyens sans limites et sans scrupules, pour essayer de réduire encore ou de prélever les ressources des concurrents et des peuples exploités, préférant régner sur des ruines, mais continuer à dominer tout de même tant qu’ils le pourraient.

   La situation en Europe a été préparée dans ce but. Une partie du prolétariat y avait été massacrée pendant 30 ans de guerres, mais après 1945 le reste se réorganisait. Les ploutocrates atlantistes ont décidé de le faire remplacer par un prolétariat moins organisé et moins contestataire, qui a été importé d’anciens pays colonisés dont le développement restait carencé ou empêché.

    Favorisée par des dirigeants politiques complices, par des affairistes, et par d’importantes aides sociales, une immigration extra-européenne massive s’est alors mise en route, dont la première vague (1945-1965) a d’abord satisfait aux divers objectifs de reconstruction sans causer de tensions sociales graves.

   Mais des enfants d’immigrés nés en territoire européen, et des familles qui ont continué ensuite (après 1970), vague après vague, à rejoindre les premiers arrivants sans avoir de travail assuré, ont posé de plus en plus de problèmes. En particulier, l’islam accompagnant majoritairement cette population allochtone étant incompatible et conflictuel avec les modes de vie occidentaux en dégénérescence, il en a résulté une non-intégration, une violence civile, et une contestation agressive des valeurs des européens autochtones, au sein même de leur patrie historique. Ce processus de juxtaposition de populations opposées a été sciemment planifié.

   Car, ajouté à l’affaiblissement provoqué des repères traditionnels et des liens sociaux autochtones, cela a contribué à détourner l’attention des opinions publiques occidentales de leur ruine organisée, alimentée par une conjonction de spéculation financière incontrôlée, de dettes asservissantes, et de dépendance forcée, tout ceci dans une concurrence sauvage généralisée, re-précarisant autant les classes moyennes que les classes populaires, au profit de la ploutocratie prédatrice qui l’organisait, depuis les places financières de Londres et de New-York, avec le soutien de nombreux politiciens complices, trahissant l’intérêt général.

   Une réaction s’est cependant amorcée. Inquiètes et stressées, des parties des populations européennes ont de moins en moins accepté de partager leurs ressources diminuées avec des populations allochtones contestant les modes de vie européens traditionnels. Des forces et des mouvements dits "identitaires" se sont alors structurés, depuis 2008, autant en réaction à la menace subversive montante de l’islam en Occident, qu’en réaction à l’action des lobbies prédateurs apatrides qui provoquaient une telle ruine sociétale généralisée. Les yeux s’étant mieux ouverts, l’un des phénomènes n’occultait dès lors plus l’autre.

   Qui sont ces patriotes-identitaires réactifs ? Certains groupes sont nouveaux, et spontanés, alors que d’autres sont issus d’anciennes formations politiques ayant été parfois opposées ou concurrentes.

   Mais là, il ne s’agit pas d’organisations populistes exploitant une contestation superficielle de difficultés conjoncturelles. On constate une mobilisation populaire de fond que diverses organisations indépendantes contribuent seulement à déclencher, à organiser, ou à informer, jusqu’alors sans prééminence.

   Ces forces identitaires réunissent plusieurs courants de droite et de gauche, parfois concurrents jadis, mais alliés bon gré mal gré contre leurs nouvelles menaces communes les plus évidentes. On distingue dans cette mosaïque des patriotes, associant divers traditionalistes, souverainistes, protectionnistes, ainsi que d’anciens communistes et gauchistes dégrisés, et beaucoup de laïcs républicains et humanistes. Majoritairement, ils exigent le respect de leurs racines historiques, de leur intérêt public légitime, et du choix de la quantité et de la qualité des étrangers qu’ils reçoivent.

   Associant par nécessité leurs moyens, attachés aux vertus structurantes de leur patrimoine culturel, ils réagissent aux menaces sociétales dévoilées. Leur diversité, fédérée au nom d’un intérêt commun supérieur, leur donne une puissance d’ensemble peu détournable par des manipulateurs externes, qui peuvent difficilement noyauter des structures composites nombreuses et non monolithiques, opposer leurs différences connues mais compensées, et subvertir tous leurs leaders spontanés. Luttant pour leur survie ethno-culturelle, ces identitaires ont une motivation et une volonté très fortes.

   Ils mobilisent une communauté réunissant des nationaux de souche et/ou de cœur, dénoncés par leurs opposants comme des conservateurs à l’ancienne mode ou des traditionalistes réactionnaires, mais qui persistent à fonder leur nationalité sur la filiation, l’intégration, et le mérite, avec un devoir patriotique fort, et une homogénéité culturelle sans communautarisme allochtone incompatible, favorisant la cohésion et l’intérêt national.

   Ils contestent des mondialistes manipulés, porteurs de valeurs et de comportements diluant l’identité nationale traditionnelle, soumis à des intérêts apatrides prédateurs, qui réduisent l’appartenance nationale à une simple formalité de résidence, avec peu ou pas de devoirs patriotiques, et une hétérogénéité culturelle multi-communautarisée faisant obstacle à une cohésion d’intérêt général.

   Dénonçant la trahison des pseudo-élites politiques et intellectuelles complices, et une désinformation généralisée, ces identitaires font face à des mouvements politiques de notables, formatés et intéressés à un développement excessif de l’économie libérale et de la dilution allochtone, favorisant les intérêts ploutocratiques et les clientélismes politiciens, mais qui disposent de moyens importants, en particulier de leviers décisionnels politiques publics, de fonds, et de possibilités de propagande par des médias mainstream, tant que cela reste utile à la stratégie des grands lobbies. 

   De leur côté, les identitaires réagissent en utilisant des canaux de presse et de contre-information diversifiées, indépendantes de la presse mainstream. La fréquentation de leurs sites web et de leurs forums est intense et croissante.

   Pour renforcer leur activité territoriale ramifiée, ils s’organisent et communiquent de manière prudente par internet, se coordonnent entre les pays impliqués, et finissent par rallier à leur cause des journalistes, des intellectuels, des acteurs politiques. A l’intérieur de ces groupes, et en parallèle, se créent aussi des structures de protection et d’intervention, encadrées et motivées, capables de se coordonner si nécessaire en milices. De l’Amérique à l’Europe, plus de 200 entités se sont constituées officiellement, et plusieurs dizaines d’autres clandestinement. Et tout cela avance inexorablement, l’Islande, la Hongrie, la Suisse, l'Autriche, la Russie, etc, ayant déjà ouvert une voie résistante crédible.

   Diverses élites européennes résistantes s’organisent en outre, à l’abri, dans des métropoles de pays non-occidentaux. Il en ressort, dans une tendance de fond portée à la radicalisation et à l’organisation militante des forces, et dans une logique d’affrontement de plus en plus considérée comme inévitable, que l’issue de ce phénomène historique est un épisode de reconquête identitaire forte, dont l’objectif est d’une part l’éradication de la menace islamique, mais aussi et surtout la ré-appropriation de la légitimité décisionnelle des peuples pour une démocratie réactive plus directe, impliquant une possible recomposition fédéralisée, préservant l’identité historique de chacun avec de nouveaux objectifs et intérêts communs. Ce qui est notable.

   En effet, la structuration technocratique illégitime de l’Union Européenne (avatar du plan Marshall) n’avait pas permis jusqu’alors sa libre cohésion endogène, et avait favorisé un alignement de la plupart de ses élites sur les directives des USA. Une ambition correctrice de l’activisme identitaire européen est donc dans une nouvelle structure pan-européenne souveraine, incluant une propension à une association stratégique avec la Russie, et n’excluant pas ensuite une entente avec les USA, mais sur des bases nouvelles d’équilibre et d’intérêts réciproques.

   Les mouvements identitaires européens ne sont pas anti-américains. Ils contestent les lobbies ploutocratiques mondialistes, ainsi que leurs complices sionistes, qataro-saoudiens, euro-technocrates, etc, mais en pensant que ces lobbies trahissent la population des USA, autant qu’ils trahissent les peuples tiers. Les euro-identitaires ont donc de bons rapports avec des mouvements citoyens américains, canadiens, et autres, dont l’esprit ouvert et l’aspiration à une meilleure démocratie restent sympathiquement perçus.

   Constatant cela, on peut penser que les lobbies instigateurs de l’actuelle conflictualité mondiale, et leurs politiciens complices, jouent avec un feu qui peut les brûler eux aussi, et qu’ils ne pourront plus longtemps maitriser à leur gré.

   Ces lobbies agissent de manière illégitime, donc précaire, comme un réseau semi-mafieux très riche, relayé au plus haut niveau d’appareils d’État et de l’ONU, imposant avec leur bras armé, l’OTAN, un impérialisme prédateur au détriment de l’intérêt général des nations et des peuples victimes. Dans leur stratégie, la déstabilisation de la communauté musulmane mondiale, poussée au conflit en son sein et avec l’occident, contribue à créer opportunément de nouveaux prétextes justifiant une reprise en mains autoritaire de certaines communautés et groupes sociaux, permettant d’exploiter encore davantage les ressources des victimes.

   Cependant, les réactions de certaines sociétés peuvent échapper au contrôle des ploutocrates et de leurs complices. C’est même un effet recherché, autoprotecteur, de la mobilisation légitimiste constatée, notamment en Europe. Car dans la fuite en avant impulsée par les plouto-prédateurs, une fois engagé, on ne peut ni avancer ni reculer sans perdre, alors que les réserves mobilisables des sociétés occidentales ne sont plus celles du siècle précédent, y compris aux USA.

   Même si les dirigeants des USA cherchent encore à faire porter les dégâts ailleurs que sur leur propre territoire, leur potentiel projetable est de plus en plus limité, leur économie est rongée par ses tares systémiques, leur société-support profonde est paupérisée, mal éduquée, en mauvaise santé, divisée. Un triste état pour un prétendu "nouveau peuple élu exceptionnel et indispensable".

    A distance prudente, les principaux concurrents émergents, notamment en Asie, attendent leur heure, en se renforçant et en comptant les points, sachant que le temps joue pour eux, et contre les USA. Ces émergents ont eux aussi ont des problèmes sociétaux et géo-politiques, qui pourraient trouver des solutions artificielles opportunes dans une situation de guerre, pouvant être menée sous de multiples formes, et par stratégies asymétriques.

   Dans ces conditions, le sursaut identitaire de ré-appropriation de la cohésion et de la légitimité décisionnelle des peuples occidentaux (peuples-supports d’où les ploutocrates ont jusqu’alors tiré l’essentiel de leur force de projection mais qu’ils sacrifient aussi), même si ce sursaut est au prix d’un épisode douloureux de révolte civile, est une réaction d’autodéfense pouvant contribuer malgré tout à une reconstruction d’équilibres mondiaux d’intérêt général, corrigeant l’aventurisme désastreux impulsé par les lobbies ploutocratiques impérialistes vers un chaos et un affaiblissement sociétal généralisés.

   Le projet sociétal porté par l’éco-humanisme facilite l’explication et le décryptage de tous ces phénomènes, en les replaçant dans une perspective salutaire de cohésion et d’auto-correction de la Maison humaine.

 

 

MC    25 mars 2011

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